01/11/2014

L'océan au bout du chemin - Neil Gaiman


Échappant pour un temps au serrage de mains et à la tristesse inhérentes à un enterrement, un homme erre sans but précis sur les routes de campagne du Sussex. L'occasion pour lui de retourner sur les lieux de son enfance, peuplés de créatures magiques tour à tour terrifiantes ou merveilleuses, tirées d'un imaginaire nourri autant par les contes que les comics.

Il se remémore alors l'époque de ses 7 ans, sa baby-sitter démoniaque, la ferme des Hempstock mi-femmes mi-sorcières, le cercle des fées situé dans son jardin et bien sûr l'océan au bout du chemin, mettant en avant le fait que si "les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, on ne les perd jamais pour de bon."

Seulement, alors que j'avais adoré le début, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans l'imaginaire de cet enfant (sans nom) de 7 ans. La magie avait du mal à prendre. J'ai donc cru que le problème venait de moi, du fait que je devais être trop grande dans ma tête pour y croire, mon imagination d'enfant perdue en même temps que mon innocence...

Puis j'ai lu ce paragraphe qui m'a redonné foi en ma capacité à apprécier ce livre : "Les adultes non plus, ils ressemblent pas à des adultes, à l'intérieur. Vus de dehors, ils sont grands, ils se fichent de tout et ils savent toujours ce qu'ils font. Au-dedans, ils ressemblent à ce qu'ils ont toujours été. À ce qu'ils étaient lorsqu'ils avaient ton âge. La vérité, c'est que les adultes n'existent pas.Et heureusement, la magie opéra !

Flirtant comme à son habitude avec le réel, qui rappelle beaucoup le réalisme magique, Neil Gaiman y apporte sa touche de poésie mais aussi la nostalgie presque mélancolique d'un enfant planqué sous le masque (parfois) trop lourd à porter qu'affiche les adultes. Si les souvenirs sont puisés dans l'enfance, le fond de l'histoire est paradoxalement très mature. Il touchera d'ailleurs surement plus un public "adulte" que YA.

En conclusion, L'Océan au bout du chemin se nourrit de nos peurs mais aussi de nos (dés)illusions enfantines les plus profondément enfouies pour les faire resurgir des années plus tard de manière fulgurante et parfois douloureuse. Il est de l'étoffe dont sont faits les rêves les plus fantastiques comme les cauchemars les plus effrayants.

Ils l'ont aussi lu : Gromovar, Lune, Lelf, Vert, Anudar

6 commentaires:

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    1. A la fois oppressante et poétique tout comme le roman ;)

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  2. Ce livre me fait penser au film Le secret de Terabithia, où deux jeunes enfants s'inventent un univers imaginaire. C'est vrai que la couverture est très jolie !

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    1. Je ne connais ce film que de nom mais si c'est du niveau de Gaiman je note.

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  3. Je crois que je n'en ferai pas une priorité, d'autant plus que j'ai un peu de mal à me positionner vis à vis de ce bouquin...
    Mais si c'est Neil Gaiman, ça ne peut être que bon (au minimum !).

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    1. Je ne sais pas si ça saura te toucher mais en tout cas, il est indéniable que c'est bien écrit !

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